Hopitaux - Sénateur Gérard LAHELLEC

Hopitaux

Mon interpellation sur la situation des hopitaux dans les Côtes-d'Armor

J'ai interpellé le Préfet des Côtes-d'Armor sur la situation des Hopitaux sur notre territoire:

 

- "L’évolution des services de soins et de la santé publique dans les Côtes d’Armor, et plus particulièrement les restructurations en cours dans le secteur hospitalier, me conduisent à engager cette démarche exceptionnelle auprès de vous.
Bien que ce secteur d’activité relève désormais de l’autorité des ARS (Agences Régionales de Santé), elle ne devrait pas à mes yeux, exonérer la puissance publique et la représentation parlementaire du plein exercice de leurs responsabilités, surtout quand il s’agit de prérogatives vitales affectant la vie des populations. Nous ne pouvons être indifférents face aux multiples appels que nous recevons de la part des populations et des élus du département.
En Côtes d’Armor, ce sont à nouveau 4 000 voix qui se sont élevées le 17 juin dernier pour attirer notre attention sur la situation particulière de la maternité de Guingamp. Les activités d’accouchements au sein de la maternité ont été suspendues par l’ARS depuis le 26 avril du fait d’un manque de personnel, ne permettant pas de réunir les conditions de sécurité nécessaires à l’accueil des mamans. Par décision du 20 juin 2023, l’ARS a renouvelé la suspension temporaire de l’activité d’accouchement à la maternité de Guingamp jusqu’au 31 octobre.

Cette situation fait peser un risque pour les mamans contraintes d’effectuer, parfois jusqu’à 20 minutes de temps de trajet supplémentaire pour atteindre les maternités de Lannion ou de Saint-Brieuc. Prenons l’exemple des mamans de Bourbriac, elles étaient auparavant à 17 minutes de la maternité de Guingamp. Aujourd’hui, elles ont le choix d’atteindre en 39 minutes la maternité de Saint-Brieuc ou 37 minutes la maternité de Lannion, et cela seulement si les conditions de circulation routière sont bonnes. Leur temps de trajet a doublé, ce qui augmente les risques d’un accouchement rapide dans de mauvaises conditions. L’accouchement d’une maman à l’arrière d’un camion de pompiers le 31 mai dernier doit nous alerter.

Certes, il nous est dit que la rentabilité d’une maternité est établie à partir de 1 000 accouchements par an. A Guingamp, le personnel médical permet 501 accouchements dans l’année, soit plus d’un par jour. A l’échelle des Côtes d’Armor, c’est presque un enfant sur dix qui naît à Guingamp. Certes, cette maternité est loin de dépasser les seuils de référence établis, mais une maternité n’est pas une usine. Une maternité est un lieu de douceur et de confiance. Raisonner en termes de rentabilité est une erreur. L’accouchement est un moment important dans la vie des parents, un moment dont ils se souviendront, mais c’est aussi un moment de stress. Diriger les mamans vers des maternités qu’elles ne connaissent pas, éloignées de leur domicile ne leur permet pas de donner la vie dans de bonnes conditions. De plus, la Bretagne est une région attractive dont la population croît de 0,5% par an. La maternité de Saint-Brieuc verra augmenter son nombre d’accouchement. Le report que susciterait la fermeture de la maternité de Guingamp couplé à l’augmentation de la démographie bretonne fait peser le risque de transformer nos maternités costarmoricaines en établissements impersonnels et froids.

La santé est un bien public que nous devons préserver. La question de la fermeture de la maternité de Guingamp nous interroge plus profondément sur nos choix de société. Dans ces conditions, il me semble légitime de prendre auprès de vous la garantie de la date de réouverture annoncée et surtout d’être éclairé quant aux dispositions mises en œuvre pour atteindre cet objectif.

Je me permets également d’attirer votre attention sur la problématique de l’hôpital de Lannion. Cet hôpital subit également le manque de personnel, toutefois ici ce n’est pas la maternité mais le service d’urgences qui en souffre. Ainsi, après les nuits du week-end du 9 au 11 juin, et après la nuit du 18 juin, l’accès aux urgences de l’hôpital de Lannion a été limité la nuit du samedi 23 juin. Comment parler de limitation exceptionnelle quand la régulation des urgences devient presque hebdomadaire. Ce n’est pas moins de quarante régulations des urgences qui sont attendues cet été. Pourtant, la côte de Granit rose accueille près de 150 000 visiteurs pendant la période estivale. Le personnel hospitalier dénonce une dégradation des conditions de travail et une dégradation des soins. Cette situation est intolérable, nous ne pouvons laisser nos citoyens en situation de précarité sanitaire.

Par ailleurs, le rapprochement avec la polyclinique du Trégor soulève plusieurs questions. D’une part la question de la pertinence de cette opération. Ce rapprochement aurait pour objectif de permettre à l’établissement d’atteindre le volume d’activité nécessaire pour continuer à exercer les activités de soin. En réalité, ce rapprochement est un aveu d’abandon du service public de la santé. Ce projet a nécessité le versement d’une aide par l’ARS d’un million d’euros afin de réaliser une étude. Cet argent aurait pu permettre de financer des postes de soignants, il en va de même des trente millions d’euros qui seront nécessaires pour effectuer le rapprochement des deux entités. D’autre part, le rapprochement d’un hôpital public et d’une clinique privée n’est pas anodin. Des interrogations persistent quant à son régime de fonctionnement appelant nécessairement une forme de partage des activités dont on sait qu'elles ne revêtent pas toutes la même « valeur ajoutée ».

Pour répondre à l’ensemble de ces interrogations, il m’a semblé que votre haute autorité est la seule instance de référence à laquelle la représentation parlementaire peut raisonnablement se référer pour obtenir les éléments de connaissance indispensables pour répondre aux attentes de la population et aux sollicitations des élus. Nous avons besoin d’obtenir des précisions sur le financement du projet de groupement hospitalier, et sur les garanties données pour que le scénario envisagé permette le sauvetage de l’hôpital. Enfin, il serait souhaitable de connaître le statut juridique de cet établissement et le projet médical qui sera mis en place.
Enfin et surtout, des garanties pourraient-elles être données afin de réduire au maximum l’interruption du fonctionnement des urgences de l’hôpital de Lannion cet été?"

L'ARS a répondu à mon interpellation par courrier en date du 13 juillet 2023.