La Loi Egalim et la question du revenu paysan
Une proposition de loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs, dite « Egalim 2 », déposée par les marcheurs a été adoptée le 18 octobre 2021. Dans le contexte de cette proposition de loi, j’ai interpellé le Ministre de l’Agriculture lors du débat sénatorial du 13 avril 2021 portant qur « la loi Égalim ou comment sortir de l'impasse dans laquelle ce texte a plongé l'agriculture ? ».
Le gouvernement dit qu’il faut avoir le courage de revenir sur un certain nombre de dispositifs de la Loi de Modernisation de l’Economie, que l’augmentation du pouvoir d’achat des Français est une nécessité, que cette augmentation ne peut pas se concevoir à partir de la destruction des revenus agricoles.
Évidemment, nous partageons ces affirmations. Nous les partageons d’autant plus que, voilà quelques semaines à peine, une grande enseigne de distribution affichait en Bretagne la vente promotionnelle du kilo de côtes de porc au prix modique de 1,58 euro, soit le prix de trois cigarettes ! Ce n’est pas ça qui va contribuer à améliorer la rémunération des agriculteurs…
Ce que la volonté de préserver le pouvoir d’achat des Françaises et des Français pourrait appeler, en revanche, c’est l’instauration de prix planchers rémunérateurs pour les paysans et d’indicateurs publics des coûts moyens de production par filière ; c’est également l’encadrement d’un certain nombre de marges et l’obligation de publication des comptes, dans un souci de transparence. Or la loi Égalim ne contient aucune de ces dispositions spécifiques.
Aujourd’hui, pourtant, la situation alimentaire dans notre pays s’est largement dégradée – je ne développerai pas davantage. Et la loi Égalim ne contribuera pas à régler ce problème, celui de la capacité de notre pays à offrir une alimentation de qualité aux Françaises et aux Français. Il est impensable qu’existent, d’un côté, une agriculture de qualité réservée à quelques-uns et, de l’autre, une agriculture destinée aux catégories plus précaires de la population.
Quand allons-nous reconnaître qu’il faut faire de la question agricole une question exceptionnelle, ce qui permettrait de la sortir progressivement de l’univers de la concurrence ?
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