Hommage à Léa Nicolas
Les municipalités de Saint-Nicolas-du-Pélem ont oeuvré pour donner à l'école de la commune le nom de Léa Nicolas qui fut maire de Saint-Nicolas-du-Pélem de 1995 à 1998 et conseillère générale des Côtes-d’Armor de 1992 à 2004. Léa Nicolas s’est éteinte lundi 13 avril, à l’âge de 83 ans. L'inauguration de l'école portant son nom a été pour moi l'ocasion de lui rendre hommage.
Madame Le Maire, Chère Catherine Boudiaf,
Madame la directrice de l’école,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi tout d’abord d’adresser un grand merci aux municipalités de Saint-Nicolas du Pelem d’avoir fait le choix, dès 2022, d’inscrire dans le patrimoine culturel de notre Centre Bretagne, le nom de Léa Nicolas. Merci aussi pour votre invitation qui me touche au plus haut point. Merci enfin de me permettre ainsi de dépasser dans ma mémoire l’image des larmes versées avec Léa les 3 dernières fois où nous nous sommes vus. Des larmes de joie des retrouvailles versées dans la maison de Park Roncé au retour du grand périple nomade en Mongolie et dont Léa me confia ce jour là que ce serait pour elle son « chant du cygne » ; Des larmes de tristesse versées un dimanche à Trébrivan dans l’ambulance qui allait conduire Léa de l’EHPAD où elle résidait avec Hippo, à l’hôpital de Carhaix ; Des larmes d’adieu versées dans cette chambre à l’hôpital de Carhaix car nous avions pressenti tous les deux que ce serait peut-être la dernière fois.
Ayant eu le privilège de tisser ces liens d’amitié avec Léa et Hippo, je veux d’emblée vous dire qu’en donnant le nom de Léa à cette école publique en l’assortissant d’une magnifique fresque, notre République peut raisonna-blement s’honorer d’avoir ici le plus beau visage de sa représentation et de la fidélité à ce qu’elle doit demeurer.
Les plus belles représentations politiques de ce que doit être le dévouement à la chose publique, à la solidarité humaine et à la défense des plus démunis, je les ai trouvées ici, à Saint-Nicolas du Pélem, auprès d’une femme d’exception qui était en avance sur son temps.
Léa Nicolas, élue municipale, conseillère générale, maire de St-Nicolas, ce sont les facettes les plus connues de sa personnalité. Mais Léa Nicolas était avant tout une femme d’engagements toujours en faveur de l’émancipation humaine.
Permettez-moi de vous avouer ici que la représentation de cet engagement a été mon inspiration permanente pour mener les avancées en matière de justice sociale, d’égalité entre les femmes et les hommes, de solidarité.
Ces deux mots : « engagement, liberté » peuvent paraître éloignés voire opposés. Je ne le pense pas.
Agir, ne plus subir, ce positionnement permet à chaque individu, par sa prise de parole, son action propre et sa participation à l’action collective, de créer des espaces de liberté et d’ouvrir les portes de l’espoir en un monde meilleur… Un espoir en l’avenir, en un autre vécu pour soi, pour les autres, qui motive, mobilise, rassemble et construit de la solidarité, peut-être d’une belle et féconde actualité face aux récessions et défis auxquels l’humanité est confrontée.
Léa, d’origine très modeste et venue plutôt de Corlay, sera instruite à l’école normale des institutrices. Mais avec Hippo, elle a fait du bénévolat sa passion, son mode de vie, sa façon à elle de faire la différence au sein de sa communauté. Elle était l’incarnation même de l’altruisme et de la résilience. Tous ceux et celles qui l’ont côtoyée de près ou de loin pourraient témoigner de sa force et ténacité exemplaire, de sa personnalité rassembleuse, de son sourire… une femme impossible à oublier !
Impossible aussi d’oublier son dévouement pour l’école publique et pour la réussite de tous les élèves en les encourageant et en leur donnant le goût d’apprendre ! Impossible d’oublier aussi les déplacements hebdomadaires de Léa pour accompagner cette jeune adolescente dans ses études alors qu’elle était confinée à son domicile pour cause de maladie. Parmi ces jeunes, Léa et Hippo ont contribué aussi à la réussite des enfants de conditions sociales modestes et je me permets de citer ici le témoignage d’un jeune venu de Sainte Tréphine pour être scolarisé au collège de Saint-Nicolas que nous connaîtrons tous plus tard sous le nom de Yann Fanch Kemeñer.
Accordant beaucoup d’importance à la solidarité, l’entraide et à l’action communautaire, elle prenait à cœur les enjeux culturels. Même si elle n’était pas Bretonnante, c’est avec elle que nous nous rendions à Crech Morvan à Lanrivain, rendre une petite visite à André Leroux et à Marcel Guilloux, paysan, chanteur et conteur… c’était sa manière aussi de défendre les cultures minoritaires.
Avec la musique et la peinture, les randonnées et les découvertes de la nature, Léa mettait aussi un point d’honneur à inspirer et soutenir les femmes des autres continents dont elle connaissait personnellement les enjeux et défis. Il me vient en mémoire le souvenir de ce tableau qu’elle avait composé en hommage aux femmes Africaines. Ce tableau représente 4 femmes Africaines portant sur leur tête des écuelles d’huile bouillante tandis que leurs bébés sont jonchés sur leurs dos… Cette sensibilité à la condition des femmes fut du reste soulignée ici à Ti ar Pelem par M G Buffet qui, en sa qualité de ministre de la Jeunesse et des sports était venue remettre à Léa la légion d’honneur (au titre de la promotion du 14 juillet 1999).
Dévouée, elle a consacré des heures incalculables à aider à améliorer la situation des filles et des femmes avec toujours une curiosité en éveil sur tous les pays du monde.
Saint Nicolas du Pélem a son musée école de Bothoa auquel Léa était très attachée. Saint-Nicolas a désormais son école Léa Nicolas.
Avec ces deux références, nous avons un peu en raccourci la représentation de cette « composition Française » dont nous parle Mona Ozouf dans son livre.
Léa Nicolas nous a ouvert le grand livre qui nous aidera à construire l’avenir des sociétés humaines.
Je vous remercie de votre attention.