Arrêtons les violences !
Rien, absolument rien, ne peut justifier les actes de violences qui déferlent à l’échelle du pays et qui s’attaquent à tout ce qui constitue une représentation de notre République. Je les condamne de la manière la plus nette et ne trouverai jamais la moindre justification aux exactions qui se trompent de colères ! Ces violences servent les objectifs de ceux qui sont à l’origine des colères légitimes qui traversent la société et ceci constitue pour moi une raison supplémentaire de les condamner.
Dans le même temps, la seule réponse apportée par l’exécutif gouvernemental est, une fois de plus, de déployer une politique sécuritaire sans même prendre le temps de s’attarder sur l’analyse des causes qui génèrent ces violences.
Mais est-ce trop compliqué de constater que le « tout sécuritaire » des pouvoirs qui se sont succédé depuis les émeutes de Clichy-sous-Bois il y a 18 ans n’a fait qu’aggraver la situation ? A laisser perdurer dans les banlieues les causes de leurs origines depuis plus de dix-huit ans, les drames comme ceux de Nanterre réapparaissent régulièrement, toujours plus horribles les uns que les autres. Il faut stopper cette spirale infernale qui conduit notre société à l’abîme !
Quand des groupes de parlementaires proposent des solutions pour enfin en sortir, l’exécutif gouvernemental ne trouve rien de mieux que d’accuser ces sensibilités de jeter de l’huile sur le feu. C’est une manière comme une autre d’aider la droite et l’extrême droite à continuer d’exercer une pression sur l’état ambiant de l’opinion, ce qui conduit à encourager un glissement toujours plus à droite de la société.
Quand de l’ONU nous parvient cette inquiétude sur le management des forces de l’ordre françaises, est-ce l’institution internationale qu’il convient de condamner ou la manière dont s’exerce dans nos banlieues l’ordre républicain par des forces de l’ordre dont les moyens et la formation ne leur permettent plus d’être de véritables gardiens de la paix ?
Les jeunes sont les premières victimes de ce que la loi considère pourtant comme un délit. Ce sont les premières victimes des inégalités, des injustices, des discriminations et des violences Ils vivent sur une planète avec l'angoisse de savoir si la vie, la biodiversité y seront toujours possibles alors que la guerre multiplie les morts et les destructions en Europe et ailleurs.
La dite loi travail qui se mettra en œuvre en toute hâte privilégiera l’obligation d’accepter un emploi à n’importe quelle condition plutôt que l’accompagnement du jeune et du moins jeune dans son parcours professionnel!A-t-on pris la mesure de ce que provoque parmi une jeunesse métissée l'inexorable montée en Europe et au-delà de l'extrême droite raciste, xénophobe et antisémite ?
Alors que le pouvoir en place, la droite et l'extrême droite viennent, pendant cinq mois, de tout mettre en œuvre afin que soit bafouée la volonté populaire majoritaire de s'opposer à une réforme des retraites injuste et inefficace, devrions-nous être surpris que, l'exemple venant de haut, des plus jeunes sortent des clous et soient tentés de recourir à d'autres voies pour se faire entendre ?
Il y a quelques jours, le politologue Dominique Reynié, habitué des plateaux de télévision, ancien candidat malheureux de la droite, n’a rien trouvé de mieux que de s’en prendre à l’ONU pour accuser les auteurs de son communiqué d’être responsables de violences que personne n’approuve. Doit-on clouer au pilori celles et ceux qui cherchent à comprendre ce qui à pu conduire à l’insoutenable pour enfin y remédier ? De nombreux journalistes et animateurs d’émissions ont le courage de poser la question. Je m’en réjouis.
Gérard LAHELLEC, Sénateur des Côtes d’Armor